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Plume d'Apolline
4 février 2015

Les masques.

Je préfère rêver.

Ne suis pas douée pour vivre éveillée.

 

Jusqu'où vais-je pousser l'art du cloisonnement ?

 

L'âge venu,

Je me découvre fatiguée par le poids de tous ces masques que je porte quotidiennement pour être reconnue par chacun.

Je leur en veux – presque – d'être à l'origine de la création d'un nouveau masque et pourtant…

Et pourtant je sais leur innocence en ce domaine.

Déçue par tous ceux qui ne sont pas à la hauteur du masque que j'ai crée pour eux.

 

Comment expliquer cette faim insatiable de nouvelles conquêtes amicales ou amoureuses dont je ne suis jamais la dupe ou alors pour un court instant et toujours triste de cet élan, engouement que je suscite car je connais la fin inéluctable de ce nouvel émerveillement.

Je n'aime l'autre que le temps de la quête, de la découverte, de la recherche profonde, de l'espoir ?

 

Et moi ?

Je me glisse nue et sans masque dans le froid de mes bras, mes bras blancs et ronds faits pour aimer, mais… il est bien tard pour offrir la caresse attendue.

 

La lassitude s'installe, je ne joue plus dans la continuité ; un jour, deux jours de marivaudage, de comédie à peine subtile, cela suffit !!!

Je m'ennuie si vite avec les autres.

Ils sont si prévisibles.

 

Combien de masques vont tomber en poussières ?

 

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Commentaires
M
- Vous<br /> <br /> - L'île sur le fleuve<br /> <br /> - Après la haine<br /> <br /> ....<br /> <br /> Quelle belle écriture !<br /> <br /> Mais qui êtes-vous ?<br /> <br /> Je vous/me reconnais beaucoup dans vos masques et j'admire vos mots.<br /> <br /> A+
L
Je ne vais pas être prolixe comme jfmoods, juste dire que ce texte m'a fait penser au carnaval (celui du moyen âge et celui de Venise). Bien que je perçoive qu'il est bien moins léger.
J
Deux gradations manifestent le vœu d'une rencontre avec les autres, avec l'autre (« le temps de la quête, de la découverte, de la recherche profonde, de l'espoir », « un jour, deux jours de marivaudage, de comédie à peine subtile »), mais une troisième ne peut que dresser le constat du repliement amer sur soi (« le froid de mes bras, mes bras blancs et ronds faits pour aimer »). Un jeu d'oppositions se structure au fil du texte, signalant une ligne de démarcation forte entre soi et le monde (« je » / « chacun », « tous ceux », « eux », « les autres »). Les verbes pronominaux (« me découvre », « me glisse », « m'ennuie ») appuient sur une intériorité qui s'ausculte. Les formes négatives, certaines catégoriques (« Ne... pas » x 2, « ne... jamais », « n'... que », « ne plus »), ainsi que les marqueurs d'intensité (« bien tard », « si vite », « si prévisibles ») entérinent l'échec à se réaliser et même à s'éprouver durablement dans l'échange. Le texte en lui-même est à visée argumentative (présence de mots subordonnants, de conjonctions de coordination). Il tente de soulever le voile d'âpreté de l'identité, d'appréhender la complexité du rapport aux masques. Se dresse donc un questionnement ouvert (« jusqu'où », « comment », « combien »), mais également fermé. Une forme d'exaspération (exclamation : « cela suffit !!! ») est palpable devant cette situation irrémédiablement bloquée. L'élément qui marque durablement le lecture est la ponctuation surprenante de deux passages de ce texte. Ainsi, le point d'interrogation à la fin de cette phrase qui a tout d'une déclarative...<br /> <br /> <br /> <br /> « Je n'aime l'autre que le temps de la quête, de la découverte, de la recherche profonde, de l'espoir ? »<br /> <br /> <br /> <br /> … mais guette, en bout de course, chez le lecteur, l'espoir d'une dénégation à cette image flétrie donnée de soi-même.<br /> <br /> <br /> <br /> Ainsi, l'absence de point d'interrogation à la fin de ce gros bloc, au centre du texte, qui constitue manifestement le point d'appui de la réflexion tout entière... Une question qui devient, par la force des choses, une affirmation déguisée.<br /> <br /> <br /> <br /> « Comment expliquer cette faim insatiable de nouvelles conquêtes amicales ou amoureuses dont je ne suis jamais la dupe ou alors pour un court instant et toujours triste de cet élan, engouement que je suscite car je connais la fin inéluctable de ce nouvel émerveillement. »<br /> <br /> <br /> <br /> Ces deux repérages, qui détonnent, illustrent on ne peut plus clairement la difficulté de la locutrice à fixer en termes clairs la problématique qui l'assaille, illustrent sa nécessité de prendre à partie le lecteur dans cette difficulté qui est la sienne à se dire. Comme toute la complexité de la situation se joue dans cette longue phrase centrale, penchons-nous un instant sur elle pour tenter d'y voir plus clair... <br /> <br /> <br /> <br /> « Comment expliquer cette faim insatiable de nouvelles conquêtes amicales ou amoureuses dont je ne suis jamais la dupe ou alors pour un court instant et toujours triste de cet élan, engouement que je suscite car je connais la fin inéluctable de ce nouvel émerveillement. »<br /> <br /> <br /> <br /> La première impression à la lecture est un sentiment d'étourdissement face à la perspective que l'on tente d'éclairer. La phrase est complexe (dans la double acception du terme), avec une seule virgule et une double subordination (« dont », « que ») agrémentée d'une coordination (« car »). Elle manifeste l'intention d'entrer dans un travail de réflexion, clairement d'ordre argumentatif, sur soi. Les adjectifs démonstratifs (« cette », « cet », « ce ») affichent la volonté de considérer à froid, comme de l'extérieur, ses propres affects. À ce stade, le lecteur se doit d'être encore plus vigilant. Il perçoit que l'écho homonymique (« faim » / « fin ») est loin d'être anodin dans le contexte. Du coup, les deux adjectifs (« insatiables », « inéluctables ») se percutent eux aussi. Les mots « conquête » et « élan » (qui font remonter « quête », « marivaudage », « comédie ») révèlent alors ce qui semble être le véritable enjeu du texte et qui demandera à être véritablement questionné dans un commentaire ultérieur.
A
Je l'ai compris depuis longtemps...
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